Cette semaine, nous prenons un peu de hauteur pour regarder ce à quoi pourrait ressembler le Parlement européen dans 28 jours. Et les nouvelles sont plutôt bonnes : les partis nationalistes devraient y gagner en influence.
Les partis nationalistes européens briseront-ils la coalition centrale ?
Souvent boudées par les électeurs français, les élections européennes de 2024 pourraient, pourtant, provoquer une recomposition politique inédite.
En effet, d’après notre compilateur de sondages à l’échelle européenne, la droite nationaliste pourrait gagner près de 40 sièges :
- 20 sièges pour l’ECR, le groupe des conservateurs réformistes européens composé, entre autres, du parti reconquête, des Frères d’Italie de Giorgia Meloni, du parti espagnol Vox et du parti Droit et Justice en Pologne
- 16 sièges pour le groupe Identité et Démocratie, groupe qui réunit le parti allemand AFD, le parti RN, la Ligue de Salvini, le FPO en Autriche et le parti de la liberté aux Pays-Bas
A noter, le parti de Victor Orban en Hongrie, exclu du PPE en 2021, est comptabilisé parmi les non-inscrits.
Aurons-nous une union des droites au Parlement européen ?
Les partis nationalistes pourraient donc représenter 25% des élus au parlement européen soit la première force politique à égalité avec le PPE, groupe qui réunit les principaux partis de droite et de centre droit d’Europe (CDU en Allemagne, parti populaire espagnol, parti LR, etc.).
Face à ces projections, le PPE, habitué à former une coalition avec le Centre (Renew Europe), les écologistes et les socialistes, connaît des dissentions en interne sur la stratégie à suivre pour 2024. La CDU allemande veut maintenir l’alliance centrale alors que d’autres partis comme le PP espagnol ouvrent la porte à une alliance avec certains partis de droite nationaliste. Ursula von der Leyen, elle-même, affiche sa proximité avec Meloni sur la scène internationale.
Pour rendre cette option d’union des droites alléchante, Orban et Meloni essaient de créer un super groupe qui réunirait tous les partis nationalistes sous une seule bannière (à l’exception de l’AFD pour ne pas froisser la CDU).
Côté PPE, von der Leyen a défini les trois conditions pour former une coalition : que les partis soient pro-européen, pro-ukrainien et respectueux de l’État de droit.
La fameuse union des droites n’est donc pas si impossible à l’échelle européenne mais il y a encore du chemin avant d’y parvenir.
Le RN toujours en dynamique, le PS se rapproche de la 2nde place
Revenons à présent à la France avec la seconde mise à jour de notre agrégateur. On observe peu de mouvements significatifs dans les intentions de vote mais des tendances semblent se confirmer.
Ainsi, le RN atteint 31,3% (+0,2) des intentions de vote cette semaine ce qui constitue un record. Les premiers débats de Jordan Bardella ont fait mouche auprès des électeurs de LR (6,8%) et surtout de Reconquête qui perd 0,2 point et repasse sous la barre des 6% (5,8%).
Bardella a réussi son 1er débat dimanche dernier face aux principales têtes de liste
Derrière le RN, le resserrement des intentions de vote entre PS et Renaissance se poursuit. La liste de Glucksmann n’est plus qu’à 3 points de celle de Valérie Hayer mais le croisement des courbes est, toutefois, loin d’être acquis. La liste LFI connaît un frémissement dans les sondages et se rapproche des 8%. Le vote utile à gauche ne s’est pas encore enclenché pour le PS.
Enfin, la dernière infographie nous rappelle que trois partis ne sont pas assurés d’avoir des élus au parlement européen au mois de juin : LR, EELV et Reconquête. C’est la mobilisation dans les urnes le 9 juin qui déterminera le sort de ces trois listes.
Voter et mobiliser les électeurs nationalistes est donc plus que jamais une nécessité.
Notre projection de sièges à l’échelle française : pas de changement significatif
Par rapport à la semaine dernière, les évolutions de notre agrégateur dans les intentions de vote n’ont pas d’incidence sur la répartition en sièges entre les 7 principales forces politiques françaises.
En l’état des sondages remontés par notre agrégateur au 12 mai :
- le RN obtiendrait 29 sièges,
- Renaissance 15 sièges,
- le PS 12 sièges,
- LFI 7 sièges,
- LR, EELV et Reconquête 6 sièges chacun.
Avec plus de 30 sièges pour les partis RN et R!, la France devrait être l’un des principaux pourvoyeurs en députés nationalistes au parlement européen dans 28 jours.
Rendez-vous la semaine prochaine pour suivre les évolutions de notre agrégateur tandis que nous entrerons dans la phase de consolidation des intentions de vote.