Sous la pression des grandes entreprises, toujours désireuses de maintenir les salaires bas, le gouvernement conservateur de "Prawo i Sprawiedliwosc" s’était laissé persuader de la nécessité d'une immigration de travail. Un projet de loi avait été déposé pour faciliter l'immigration venue d'Asie centrale ou du Proche-Orient… mais a été retiré ces derniers jours.
Pourquoi ?
1) La montée du parti national-libéral "Konfederacja", critique vis-à-vis de l’immigration tant illégale que légale. À l’approche des élections législatives d’octobre 2023, le gouvernement conservateur est très attentif à cet écho populaire.
2) La réticence de la population polonaise. Même le grand parti d’opposition du centre, "Koalicja Obywatelska", traditionnellement modéré (on dirait macroniste ici) a usé de rhétorique anti-immigration, après avoir constaté l’opposition massive de la population polonaise aux flux en provenance d’Afrique et des pays musulmans.
3) Et… les événements en France ! Les images des émeutes de banlieues en France, à un an des Jeux Olympiques, ont fait le tour du monde. En Pologne notamment, les reportages sur les banlieues enflammées, les magasins saccagés, les voitures incendiées, les policiers attaqués, se sont succédé aux heures de grande écoute et sur toutes les chaînes.
Les Polonais ont conscience depuis longtemps de l’insécurité grandissante dans les grandes villes françaises, qu'eux et leurs médias attribuent à un gouvernement socialiste depuis 2012.
Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a d'ailleurs publié sur son compte Twitter une courte vidéo comparant les émeutes des banlieues françaises au calme des villes polonaises, avec le message suivant : "Nous ne voulons pas de telles scènes dans nos villes. La sécurité de nos familles avant tout."
Voilà la recette… Bon à garder en tête.
Merci à Nathaniel Garstecka pour son analyse.
