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Quand devenir mère est impossible

À l’heure où les médias traditionnels encensent celles qui refusent d’avoir des enfants, certaines femmes pour qui c’est impossible souffrent en silence.

Julie de Cocorico Famille inaugure ici une série qui parlera de femmes, plus particulièrement de femmes identitaires, nationalistes ou traditionalistes et de leur place à la fois dans notre société peu clémente avec certaines convictions mais aussi au sein de leurs propres milieux politiques, plutôt masculins.

Lorsque vient la question de faire des enfants pour de bon, tout ne se passe pas forcément comme prévu : aléas de la vie, maladie, âge qui avance… vous êtes une femme, et ne pouvez pas avoir d’enfants, et c’est votre monde qui s’effondre. L’histoire est terrible, mais elle est banale : les problèmes de fertilité touchent un peu plus d’un couple sur six, auxquels il faut ajouter les célibataires malheureuses – on estime que 20 % des femmes auront des difficultés d’une manière ou d’une autre à procréer.

Mais lorsque ces femmes, en plus de l’envie d’être mères, ont des valeurs traditionnelles et conservatrices, l’impact peut être dévastateur pour l’estime de soi. La maternité, vue à la fois comme un devoir moral, social voire religieux, devient un terrible complexe pour de nombreuses femmes n’ayant pas encore enfanté.

Dans ce cadre de valeurs, devenir mère est l’une des directions principales données aux femmes. La maternité est valorisée en tant qu’accomplissement d’une expérience fondamentale et encouragée d’un point de vue militant : le natalisme y est encouragé, contre le Grand Remplacement et la dépopulation européenne. Alors comment se construire malgré une idéologie qui semble aller à l’encontre de votre corps ?

« Je suis de droite mais je ne m’investis pas dans le milieu car je ne me sens pas à ma place, je ne me définis pas comme « une femme de droite » pour cela. […]  Être femme, sans enfant et de droite, c’est antinomique. » A. 36 ans

Aujourd’hui, être une femme, d’autant plus une femme de droite, c’est se retrouver seule face à ces problématiques et pour s’en sortir, parfois se tourner vers des personnes plus ouvertes, quitte à sombrer dans d’autres extrêmes (méta)politiques ou idéologiques.

« […] ça affecte énormément mes relations amicales, la majorité de mes amis sont de gauche et j’ai honte de l’avouer ; j’ai longtemps trainé avec les milieux gays de ma fac avec qui j’ai gardé contact et qui étaient les seuls à complètement s’en foutre de ces questions-là, maintenant et dans le futur. » A. 36 ans

Dans l’optique d’une société nataliste, d’une société dite « de droite », il est à mon sens crucial de prendre en compte cette problématique et l’intégrer à nos discours pour en sortir par le haut.

Les raisons de la stérilité et les jugements associés

En m’aventurant dans l’écriture de cet article et en publiant un questionnaire associé, je ne m’attendais pas à recevoir une si grande variété de réponses (une quinzaine de témoignages dont certains véritablement poignants) ; et tant de détresse surtout. J’ai été frappée par la diversité de cas et la douleur que ces problématiques soulevaient.

« Voir des femmes avec des enfants est un crève-cœur, tout me rappelle la maternité et je n’y ai pas ma place. » J. 32ans

Beaucoup de jeunes femmes ont appris leur stérilité aux alentours de la vingtaine, d’autres n’ont pas appris la leur mais celle de leur compagnon après des années de couple (parce que la stérilité n’est pas proprement féminine…) : dans les deux cas, à l’approche de la trentaine, il est assez consternant de constater qu’elles subissent quasi toutes la pression de la procréation bien plus que leur compagnon (pour celles en couple) alors qu’elles n’en sont aucunement fautives : SOPK, endométriose, maladie génétique transmissible ou encore spermogramme du conjoint négatif, tant de raisons qui font qu’une grossesse est impossible ou représente un parcours du combattant.

« On me demande toujours si je compte avoir des enfants. Ça m’énerve qu’on impose cela aux femmes comme une évidence. Cette question me fait mal. » Témoignage anonyme

Parmi toutes ces femmes, certaines ont avoué finir par faire de la maternité une véritable obsession qui leur pourrit la vie et les empêche de se lancer dans d’autres projets.

 « J’ai clairement une obsession de la maternité désormais, je vois des femmes enceintes partout. Je m’en veux d’avoir eu une période adolescente où je ne voulais pas d’enfants, j’ai l’impression de me prendre une punition divine… » F.

Derrière ces problématiques, la question des relations…

L’infertilité de ces femmes impacte évidemment leur approche des relations avec les hommes. Pour certaines, l’état psychologique induit par l’infertilité les empêche de commencer une relation sereinement, d’autres ont avoué que des opportunités se sont fermées : mais assez peu finalement et cela tenait surtout de leur propre attitude par rapport à ce problème !

« Ça [la stérilité] rime avec célibat […] J’en souffre terriblement, je n’arrive pas à passer outre et je ne peux pas m’engager dans une relation sans y penser. »  Témoignage anonyme

« Je ne rencontre que des cons, c’est désespérant. Ils refusent tous de vraiment s’engager […] Mais quand je vois mes amies qui vivent la même chose en étant parfaitement ok avec les enfants, je me dis que le problème ne vient pas forcément du fait que je ne peux pas avoir d’enfants. » Témoignage anonyme

Ne pas avoir d’enfants ne signifie pas pour autant la fin du couple. Celles en couple font le récit d’hommes extrêmement compatissants et bienveillants pour la plupart et qui témoignent, pour ceux qu’idéologiquement un parcours médicalisé ne dérange pas, de la volonté d’accompagner leur femme jusqu’au bout.

« L’annonce de ma maladie a été un électrochoc et le premier réflexe de mon copain a été de le prendre avec humour. […] Je ne le remercierai jamais assez. » Témoignage anonyme

« J’ai appris ma maladie après plusieurs années de vie commune, ça a mis beaucoup de temps avant qu’un diagnostic soit posé et mon mari était là. Nous nous sommes mariés devant Dieu pour le meilleur et pour le pire ; cela a été très difficile mais nous avons décidé que Dieu nous réservait visiblement une autre destinée […] Nous songeons à adopter, un enfant nous attend quelque part, nous en sommes convaincus. » Témoignage anonyme

Et au bout, parfois, l’apaisement :

« « À l’impossible nul n’est tenu ». Cette phrase, je me la répète comme un leitmotiv grâce à l’abbé qui nous a mariés. Je ne suis pas obligée de « faire » un enfant à tout prix. J’ai fait ce que j’avais à faire. C’est à la Nature de se frayer un chemin vers ma maternité, ou pas. […] »

Une opportunité d’exploiter d’autres capacités

Alors, quelle place pouvons-nous donner à ces femmes, et quelle place souhaitent-elles se donner ? Sur la question de la place qu’elles-mêmes se donnent, beaucoup sont, hélas, assez fatalistes et ont beaucoup de mal à surmonter ce cap.

« Il me manque clairement une partie de moi-même, alors même que je ne suis pas directement concernée [conjoint ayant des problèmes de fertilité]. Je sais désormais, alors que ma vingtaine s’achève, que le sens de la vie est de la perpétuer. » F.

« Quel sens à ma vie ? La dépression. » Témoignage anonyme

Et pourtant, comme le montre l’un des témoignages au-dessus, certaines sortent du fatalisme et profitent de la liberté de ne pas avoir d’enfant pour la prise de risques, pour construire des projets qui auraient été plus délicats à mettre en place avec des enfants. Certaines ont compris qu’elles ne pourraient pas faire de la maternité une composante de leur personne et ont donc valorisé bien d’autres qualités (ce que j’invite toutes les femmes dans cette situation à faire !)

« J’ai eu la « chance » d’apprendre ma maladie très jeune, avant même mon adolescence. […] Je me suis construite tout autrement de base, la question de la maternité ne s’est jamais posée, je n’ai pas attendu après ça pour réaliser mes rêves et me construire une identité. […] J’ai pris ça comme une légitimité à « perdre du temps » dans d’autres domaines […] et cela plaît à certains hommes. » A. 27 ans

Sans tomber dans l’hédonisme pur, construire des projets motivants et stimulants sans craindre « la perte de temps » est un avantage. Ainsi, on peut aisément ne pas culpabiliser de poursuivre des études, voyager, vivre de nouvelles expériences mais aussi pourquoi pas s’engager dans le militantisme si l’on veut spécifiquement investir son rôle à « droite » ou dans le bénévolat si l’on souhaite soutenir certaines causes. Que les femmes (de droite) aussi investissent les entreprises, le militantisme, et d’autres strates de la société est primordial pour la diffusion de certaines idées et surtout pour la libération plus globale de la parole.

Faire une autre place à la maternité…

Ne pas pouvoir avoir d’enfant ne signifie pas pour autant que l’on ne peut pas faire une place à sa part « maternelle », une part qui compose la personnalité de beaucoup de femmes. Les femmes n’ont pas besoin de se construire en rejet de la maternité si celles-ci n’y ont pas naturellement accès. Certaines ont trouvé des solutions alternatives :

« J’ai fait le choix de travailler avec des enfants (je suis éducatrice), je suis peut-être masochiste, ce ne sont pas mes enfants mais je me sens vraiment utile ainsi. J’aime aussi être la tata gâteaux des enfants de mon entourage […] m’occuper des autres plus généralement me procure beaucoup de bien. » Témoignage anonyme

« Je suis entourée de neveux et de nièces en or […]. Ma maison est accueillante et nous recevons volontiers nos amis avec leurs enfants, parfois pour des vacances, parfois pour leur réconfort. Des enfants d’amis viennent passer 3 ou 4 jours chez nous, pour le plaisir. […] Nous sommes attentifs aux familles nombreuses qui nous entourent et à ce que nous pouvons faire pour elles. » F.

Cette façon de canaliser leur maternité vers l’intérêt d’autrui rappelle l’une des théories avancées sur la fonction de la ménopause qui, en l’absence de ses propres enfants, permettrait avant tout de s’occuper des enfants et petits-enfants du reste du groupe afin de leur assurer une meilleure croissance, une meilleure éducation. Intéressant non ?

De plus, la maternité ne passerait-elle pas aussi par la transmission, n’est-ce pas là le rôle principal d’une mère ? Transmission de la vie, mais surtout transmission du savoir, de l’éducation et de la tradition. Les femmes sont les gardiennes du foyer auprès de leurs enfants, mais les gardiennes de la « bonne société » à l’échelle d’une nation.

Conclusion : faire contre mauvaise fortune bon cœur

La maternité est, doit être, et restera toujours un point primordial à valoriser dans les milieux de droite ou simplement traditionnels ; c’est l’évidence car c’est tout simplement un pilier pour une société solide. Cependant, elle ne doit pas pousser les femmes n’ayant pas eu la chance de devenir mères à se sentir exclues à la fois de certains courants idéologiques mais aussi et surtout de la Vie plus globalement.

Ne pas pouvoir enfanter n’empêche pas l’Amour, n’empêche pas non plus de rester dans une certaine cohérence idéologique, n’empêche pas de manifester sa part maternelle sous d’autres formes et surtout aussi, comme certaines ici l’ont courageusement démontré, cela peut se transformer en des opportunités ou en éléments de motivation pour se valoriser autrement et pourquoi pas s’engager dans des projets audacieux. Engagez-vous, manifestez-vous, révélez-vous, vous êtes légitimes !

Je remercie profondément les personnes qui ont accepté de témoigner malgré la douleur que cela a pu soulever !

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Auteur : Julie – Cocorico Famille


Crédit illustrations : Maria Majorette

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il y a aussi ces femmes qui n’ont pas choisi leur grossesse _ un vrai drame pour elles aussi
Je pense à ma mère, ma tante, etc… à une époque où on ne choisissait pas, on subissait les lois relatives à la maternité … ces situations, il y en a encore trop… j’ai honte d’avoir fait vivre cette situation à ma mère, maman dès l’âge de 17 ans, et les années suivantes… Elle, ELLE, n’existait pas… Elle a assuré, dans la mesure de ses moyens. J’ai trop honte !!!!!!!!!

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