Elle nous raconte l’enfer d’une action pacifique qui a pris des proportions démesurées.
Lorsque j’ai appris le drame de Crépol, j’ai été très touchée : j’y ai vu l’assassinat d’un jeune garçon qui aurait pu faire partie de mes proches. Ancienne militante en retrait, je ne pouvais pas rester sans rien faire. Ça me tenait à cœur d’exprimer ma colère quant à tous ces meurtres gratuits qui finissent dans le silence.
Un collage faute de mieux
Lundi dernier, le 27 novembre, j’avais prévu de me rendre avec mon mari et nos amis à un rassemblement en hommage à Thomas qui devait se tenir à 19h à Lyon. Dans l’après-midi on apprend que la manifestation a été interdite par la préfecture… malgré une déclaration en bonne et due forme. C’est la douche froide.
Les militants ne se dégonflent pas et souhaitent quand même organiser quelque chose. Certains optent pour une manifestation clandestine à 20h… Nous n’avons pas spécialement envie de jouer avec le feu mais nous avons quand même envie de faire quelque chose pour rendre hommage à Thomas. Alors on s’oriente vers un collage sauvage, réalisé en petit groupe, à 4, et de manière pacifique.
Exemple d’un collage (source)
Nous en avions déjà fait par le passé : lorsqu’on est contrôlés par la police, ils contrôlent notre identité, saisissent le matériel, et ça en reste là – au pire, on payait une amende. On n’était donc pas spécialement inquiets.
L’interpellation qui tourne mal
On passe l’après-midi à imprimer des affiches et à réunir le matériel pour coller. On s’y attelle de 21h30 à 23h30 et alors qu’on est en train de coller nos dernières affiches, la police arrive. Dommage… mais pas question de jouer aux cons : les mains pleines d’affiches et de colle, on a évidemment tout assumé et on a été cordiaux.
Les policiers nous embarquent pour contrôler notre identité au poste de police. Contrôler notre identité au commissariat plutôt que sur place paraît un peu excessif, mais pas non plus choquant vu le climat de tension autour de ce drame.
Alors quand arrivés au commissariat, ils nous disent qu’ils nous placent en garde à vue, j’imagine qu’on va nous garder une grosse heure, le temps de vérifier nos identités. J’étais loin du compte… Mais il n’est toujours pas l’heure de paniquer. La police est cordiale et professionnelle avec nous. Puisqu’on pensait ne rester que quelques quarts d’heure, nous ne demandons pas de visite d’un médecin ni de conseil d’avocat. Ils nous placent en cellule ensemble. À partir de ce moment-là, la notion du temps est vague…
Une nuit interminable dans une cellule froide
Mais voilà, il est déjà une heure avancée de la nuit et on nous dit que les dépositions ne seront prises que le lendemain. On demande à contacter nos employeurs pour prévenir qu’on ne pourrait pas travailler le lendemain. Ambiance.
Ils nous mettent dans des cellules individuelles et on entre dans une phase de garde à vue « prolongée ». J’ai eu tellement froid dans ma cellule, seulement équipée d’une couverture de survie pas très efficace… C’était quasiment impossible de dormir. 20 longues heures de solitude, uniquement rompues par le moment de la déposition.
S’enchaîne pendant ce temps une série de mesures qui nous a fait de plus en plus peur à chacun : prise d’empreintes, photos, fouille du téléphone (qu’on ne peut pas refuser sans mesures de rétorsion)… Là, ça sortait tellement de la procédure habituelle qu’on s’est dit : « Ça y est, on va être des exemples, on va finir en comparution immédiate ». On s’imagine faire de la prison ferme pour avoir collé des affiches.
Les militants de GZ Nice
Lors des dépositions du lendemain, ils nous demandent si on fait partie d’un groupe et quelles sont nos revendications. On assume l’acte mais il n’est pas question de parler politique, d’autant plus que nous ne sommes affiliés à aucun groupe : nous souhaitions simplement rendre hommage à Thomas.
Après ces heures interminables, je suis relâchée. Le motif de dégradation de bien public ne justifiait pas le prolongement de la garde à vue.
Après le silence, le chaos
Quand j’ai pu rentrer chez moi, c’est le choc. Ce que j’ignorais depuis ma cellule, c’est que mon domicile avait été perquisitionné. Mon mari, menotté, a accompagné la police à notre domicile.
Quand je suis rentrée, j’ai tout de suite compris. Mes affaires étaient dérangées… Ils nous ont pris des tracts, des stickers, des affiches qui sont des souvenirs de nos jeunes années de militants. Et puis pire ! La police a forcé mon mari à ouvrir notre coffre-fort dans lequel nous avions de l’argent liquide (environ 5000€) qu’ils nous ont pris alors même qu’il n’est pas illégal de disposer de ces fonds chez soi. Ils venaient de notre mariage récent et de notre crémaillère. Il leur en a indiqué la provenance, mais l’argent a quand même été saisi en attendant que nous la justifions plus officiellement.
⚡️Un couple a été interpellé suite à un collage pour #Thomas à Lyon. Leur domicile a été perquisitionné par la police et leur argent saisi. pic.twitter.com/ixtN21nnpT
— Livre Noir (@Livrenoirmedia) November 29, 2023
À l’heure actuelle, le téléphone de mon mari est toujours confisqué, notre argent saisi. Nous nous retrouvons dans la situation absurde où il nous faut maintenant entamer une procédure judiciaire pour récupérer nos biens et notre argent saisi… alors même que rien n’était illégal !
Et il faut dire que nous avons eu de la chance : les deux autres personnes avec nous y étaient encore 24h plus tard.
J’ai encore du mal à réaliser ce qui s’est passé. La garde à vue a été très dure psychologiquement ; j’en avais déjà fait dans le passé mais jamais autant de temps et c’était à cause d’actions autrement plus spectaculaires qu’un simple collage. L’effet de surprise a été terrible !
Ce que ce durcissement dit de la situation politique
Lorsqu’en sortant de la garde à vue j’apprends que ceux qui ont agressé les habitants de Crépol ont été relâchés en contrôle judiciaire, pendant que certains nationalistes à Romans-sur-Isère ont pris du ferme, ça me met hors de moi.
Le deux poids deux mesures de l’État est désormais manifeste. Faire 20h de garde à vue (et plus encore pour mes camarades) juste pour avoir collé des affiches est complètement absurde. Certes, notre collage était illégal ; mais il n’a eu lieu que parce que nous n’avions pas pu nous rassembler pacifiquement pour rendre hommage ! Les moyens légaux comme les manifestations et les hommages solennels nous sont interdits par l’État et les moyens illégaux deviennent des crimes de premier ordre.
Le danger selon l’État (Boulevard Voltaire)
Cette affaire est la preuve d’un État qui sent qu’il perd pied face à la tempête qui gronde. Les Français sont plus que jamais excédés par la situation sécuritaire et l’État, incapable d’y répondre, ne peut que casser toute velléité d’expression de cette colère pour tenter d’empêcher qu’elle se propage.
Mais c’est tout à fait disproportionné : taguer, coller des affiches sur les murs, c’est une demande de prise de parole, les gens demandent à être écoutés par des personnes qui font les sourds ! Museler et refuser la parole à son peuple est grave et il est probable que cette fermeté mal placée se retourne contre l’État.
Nous n’avions pas milité depuis 2 ans et nous y remettre a été un choc. Je dis bravo aux nouveaux militants, car c’est de plus en plus difficile et il faudra être courageux. Mais l’État devra composer avec nous : nous ne nous habituerons pas à être des martyrs sur notre sol.
Merci à Chloé pour son témoignage. L’ASLA a ouvert une cagnotte pour les aider : https://asla.fr/faire-un-don/
Bon courage ,,
Pinochet peut dormir tranquille
Force à vous et merci pour votre courage ????????
Incroyable ce commentaire,
!!!!! j’ai 70 ans et jamais je n’ai connu un gouvernement qui met en garde à vue des patriotes pour seule raison qu’ils collent des affiches pour rendre homage au jeune Thomas assassinés par des racailles originaires du magreb. Ce gouvernement macron est une honte pour ceux nombreux qui aiment la France. Je tiens à remercier ces patriotes, hélas trop peu nombreux pour l’instant, qui luttent pacifiquement pour la survie et la grande notre beau pays.vive la France.
J’ai fait de la garde a vue puis peine de prison avec sursis pour une gifle imaginaire sur ma compagne et pour jets d’ objet sur le canapé a côté de mon fils pour l’interpeler lorsqu’ il a le casque sur les 2 oreilles et qu’il ne m’ entend pas. Pinochet mao tsé toung Staline … Vous pourriez prendre des leçons aujourd’hui en France. Français continuez à voter comme vous l’avez fait 2 fois de suite et le nouvel ordre mondial sera bientôt la .