Patrick Jardin : père, militant, Français

Patrick Jardin, ce père courageux qui a perdu sa fille lors de l'attentat du Bataclan, nous fait l’honneur d’une interview exclusive. Il partage sa vision des choses et son engagement pour que le drame qui a touché sa famille n'arrive plus jamais.

Vous êtes l’un des rares proches de victimes du Bataclan à avoir osé vous aventurer sur le terrain politique. Qu’est-ce qui vous a poussé à réagir ainsi ?

Pour moi la famille c'est le principal dans la vie d'un homme. Je m'étais toujours dit si quelqu'un touchait à un cheveu de ma femme ou de mes enfants, il n’y survivrait pas. Malheureusement, ma femme est décédée d’une maladie et j’ai perdu ma fille dans les attentats du Bataclan. Ce qui m’empêche de me venger c’est de penser à mon fils. Je ne veux pas le laisser seul après la perte de sa mère et de sa sœur. Donc j'ai pris la décision de lutter de toutes mes forces contre l'islamisme, contre l'immigration et contre tous les gens qui défendent ça.

Y a-t-il une initiative ou un mot en particulier qui vous a touché depuis le drame et qui vous a apporté du réconfort ou de l'espoir ?

Oui, il s’agit plus précisément d’un acte. J'ai reçu de la part de Stéphane Ravier la médaille du Sénat et ça m'a énormément touché… D’autant plus que Stéphane Ravier est le seul parlementaire qui s'est ému du combat que je menais. Je l'apprécie beaucoup et je l'admire parce qu'il dit des vérités calmement au Sénat. J'estime que c'est un homme de valeur.

La médaille du Sénat remise par Stéphane Ravier

Quel regard politique portez-vous sur l’insécurité en France et sur l’islamisme grandissant ?

Juste après le décès de ma fille, deux jeunes filles se sont fait trucider sur le quai de la gare Saint-Charles à Marseille. Ce drame m'a énormément touché : je ne les connaissais pas, mais elles étaient a priori brillantes puisqu'elles faisaient des études de médecine, elles étaient venues fêter leur anniversaire à Marseille et une pourriture est venue leur ôter la vie. C'est inadmissible. Je suis furieux contre tous ces journalistes et tous ces hommes politiques qui minimisent, voire essaient de nous cacher la vérité, comme Darmanin a essayé de nous cacher le prénom des assassins de Thomas.

Si je n’attends évidemment rien de la gauche, j’ai été très déçu par le Rassemblement National de Marine Le Pen. J'étais un fan de Jean-Marie Le Pen, qui a toute mon amitié et dont le seul tort selon moi a été de léguer le parti à sa fille. Aujourd’hui, Marine Le Pen déclare même que l'islam est compatible avec la République française. Moi je ne peux pas entendre des choses comme ça et je ne pourrai plus jamais voter RN : je ne vais pas tuer ma fille une deuxième fois. Ma fille Nathalie a été tuée par des islamistes et je ne veux pas entendre que l'islam est compatible avec la République française.

Il semble se dessiner une évolution des mentalités depuis les émeutes de juillet et plus récemment encore depuis les attentats du Hamas en octobre. Est-ce que vous le ressentez ?

Oui, notre combat gagne du terrain, mais pourquoi ? Parce que malheureusement on subit de plus en plus d’attentats. Tous les jours, il y a des meurtres et des attaques inadmissibles. Je ne supporte plus de vivre dans cette ambiance : je n'admets pas qu'on ne puisse plus aller après 20 h dans certains quartiers de Paris, même dans certains quartiers de Lille.

Vous êtes donc, comme tout notre camp, assez désespéré par la situation en France. Voyez-vous malgré tout des perspectives politiques positives ?

J’ai bon espoir pour la suite que la situation s’améliore avec les générations qui arrivent. Il me reste un fils, j'ai trois petites-filles, je ne veux pas qu'ils vivent dans la pétaudière dans laquelle on vit actuellement. 

Je suis extrêmement surpris lors de mes déplacements de voir que parmi la jeune génération, il y a énormément de patriotes, qui en ont assez de tout ce qui se passe. Je pense que les jeunes ne peuvent et ne veulent plus vivre avec tous les drames qui nous entourent. Chaque jour qui passe il y a un type qui se fait assassiner, qui se fait poignarder et ces jeunes en ont marre. Ils n'ont pas envie de vivre avec ces gens-là.

Parmi ces jeunes, beaucoup seront contre l'immigration massive telle que Macron nous l'a fait connaître et pour moi c'est vraiment une source d'espoir. Quand je vais chez Génération Z, à Reconquête!, je suis extrêmement surpris de la qualité des jeunes qui ont une culture, qui réfléchissent et qui sont très loin des abrutis à crâne rasé et croix gammées qui veulent en découdre avec tout le monde.

Justement, chez les jeunes militants, une aspiration croissante à l'expatriation semble gagner du terrain. Quelle est votre perspective sur ce choix qui fait débat ?

Je peux comprendre le choix de s’expatrier et je vis d’ailleurs en Belgique. Je suis parfois tenté de m’expatrier plus loin. Mais d'un autre côté, la perspective de laisser le champ libre me dégoûte. La France est un grand pays qui existe depuis de nombreuses années, avec sa culture, avec sa religion, avec ses traditions. Partir c'est un peu lâcher la rampe. Certains donneront l’exemple du général de Gaulle qui était parti pour mieux revenir. Mais à l'époque on avait affaire à des gens qui avaient du courage. Maintenant je ne suis pas sûr que ce soit encore le cas.

Est-ce que vous avez un mot de la fin, un message à faire passer ?

J'aimerais que les gens prennent conscience de la lâcheté des médias qui, sous prétexte qu'on dénonce les attentats et les meurtres, disent que l’on serait d'extrême droite. D'ailleurs, ils poussent maintenant l’abus jusqu’à parler d’ultra-droite ! On devrait insister sur ce message indispensable : ce ne sont pas des gens d'ultra-droite qui s’expriment, mais seulement des gens qui en ont ultra-marre.

Propos recueillis en décembre 2023. Photo © Guy DROLLET /LA VOIX DU NORD

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