Albert Roche, le soldat le plus déter de tous les temps

Albert Roche, le soldat le plus déter de tous les temps

Vous n'en avez jamais entendu parler, aucun film ne vous a vanté ses exploits… et pourtant il est un des plus grands héros de la Première Guerre mondiale, adulé comme tel en 1918.

Ses états de service sont tellement incroyables qu'en comparaison, Captain America passerait pour un tirailleur sénégalais, c'est dire !

Aujourd'hui, Une Bonne Droite répare cette injustice en vous présentant les exploits d'Albert Séverin Roche. Accrochez-vous.

Albert Roche

Note : le gros de cet article et presque tous les visuels ont été éhonteusement puisés dans la vidéo désormais culte d'Odieux Connard, à laquelle nous voulions rendre hommage tout en la complétant à notre sauce.


Mise de départ : trop chétif pour combattre

La carrure de Roche ne plaidait pas pour qu’il devienne le héros qu’il est devenu : ce fils d'agriculteur de la Drôme n'a que 19 ans en 1914 et, lors de la mobilisation, il est refusé car trop chétif. Son père soupire quand il le voit revenir à la ferme…

Mais voulant se battre coûte que coûte, il se fait la belle et vient toquer au camp d'instruction le plus proche, qui finit par accepter cette tête brûlée. Erreur : à cause de son fort caractère, son incorporation se passe mal, il s’énerve et s’enfuit. Aussitôt rattrapé, il est envoyé en prison pour désertion.

L'histoire devient cocasse lorsque pour le punir, on l'envoie au front : Albert est ravi !

Il rejoint le 27ᵉ bataillon de chasseurs alpins, que les Allemands vont rapidement surnommer « les diables bleus ».

 

Premier exploit : explosion de choucroute

Albert est maintenant dans son élément, les tranchées. Et la première occasion de briller se présente rapidement : un nid de mitrailleuses allemande canarde sa position !

Alors que ses camarades ne sont pas chaud-chaud pour tenter une sortie, lui se porte volontaire. 

Rampant jusqu’au bunker, il parvient à proximité du tuyau de cheminée du poêle autour duquel se pressent les Allemands pour cuisiner et, chafouin, y fait tomber une poignée de grenades. Opération réussie : il y a plusieurs morts et les survivants se rendent, croyant être attaqués par un bataillon entier. 

Albert rentre avec huit prisonniers, les premiers d'une longue série, ainsi que tout leur armement !

Les Allemands auraient dû commencer à se méfier, mais pourtant…

 

Seul contre tous : la mitrailleuse humaine

Quelque temps plus tard, en Alsace, les Allemands lancent une attaque selon le schéma habituel : annihilation de l'ennemi par un déluge de bombes puis assaut.

Sauf qu'ils sont inexplicablement accueillis par des tirs nourris au fusil, les obligeant à se replier.

Encore plus inexplicable : quand, quelques heures plus tard, l'État-Major vient féliciter les soldats français de leur courageuse résistance, ils ne découvrent que des morts !

En fait, le bombardement allemand a parfaitement fonctionné : tous les Français ont été tués.

Tous… sauf un. Albert !

Celui-ci, encore sonné par la pluie de bombes à laquelle il venait de survivre, a eu la présence d'esprit de positionner les fusils de ces camarades morts et de tirer alternativement avec en courant de l'un à l'autre, faisant croire aux Allemands à la résistance d'une garnison encore bien vivace.

Indéboulonnable, il vient de repousser un assaut à lui seul

Comme quoi, il ne faut vraiment pas faire chier Albert Roche.
Et pourtant…


Jamais vous n'aurez le sauciflard 

Quelque temps plus tard, un lieutenant français est fait prisonnier. Les Allemands l'interrogent mais il tient bon. 

Ils décident alors de s'en prendre au petit gars qui avait également été capturé.

Monumentale erreur.

Car oui, un soldat a refusé de fuir en abandonnant son lieutenant blessé. Et ce soldat, c'est :

Albert Fucking Roche !

 L'interrogateur allemand s'approche de lui :


Albert parvient à se détacher, désarme son interrogateur, et l'abat.
Les gardes tentent de l'arrêter :

Albert les abat aussi.

Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il sort et libère tous les prisonniers du camp.

Il regagne ses lignes avec : 

    • les soldats français 
    • 48 prisonniers allemands 
    • son lieutenant blessé sur le dos 

Au cas où vous ne l'auriez pas encore compris : il ne faut vraiment pas faire chier Albert Roche !
Et pourtant…

Petite séance au SPA : 10 heures dans la boue

Quelque temps plus tard, lors d'une offensive de la bataille du Chemin des Dames, son capitaine est grièvement blessé et gît entre les lignes. 

Évidemment volontaire, Albert Roche rampe alors dans le froid et la boue, sous le feu ennemi, pendant six heures pour le rejoindre, puis encore quatre heures pour le ramener avant de le confier aux brancardiers.

 

Une séance qui tourne au drame 

Épuisé par ce qu'il vient d'accomplir, il s’endort dans un trou de guetteur. Mais Albert est réveillé par une patrouille qui le prend pour un déserteur. 

« Abandon de poste sous le feu, fusillé dans les 24 heures ! »

Malgré ses dénégations, sans témoin et en période de mutinerie, il est envoyé au cachot en attendant l’application de la sentence. Il écrit alors à son père « Dans une heure je serai fusillé, mais je t’assure que je suis innocent ». Il est emmené au peloton d’exécution qui s’apprête à faire sa besogne lorsqu’une estafette l’interrompt : le capitaine est sorti juste à temps de son coma et apporte le témoignage disculpant Albert !

In extremis !

Albert est autorisé à rejoindre la ligne de front. Il sera, entre autres, un agent de liaison d'exception, transmettant les ordres d'un bout à l'autre du champ de bataille, au cœur même du danger.

1918, le temps de la reconnaissance

La guerre se termine enfin. Albert à 23 ans et est encore soldat de première classe.
Il a pourtant reçu neuf blessures, dont une à la maxillaire inférieure qui l'obligea à extraire lui-même la balle. Il a d'ailleurs toujours refusé d'être envoyé à l'arrière pour y être soigné.

Quand son dossier arrive sur le bureau du général Foch, celui-ci est tellement impressionné qu'il l'invite aux cérémonies de la victoire, à Strasbourg.

Foch présente ce petit homme revêtu de l'uniforme des Chasseurs Alpins à une foule en liesse :

  « Alsaciens, je vous présente votre libérateur Albert Roche.
C'est le premier soldat de France ! »


Il faut dire qu'à lui seul Albert a capturé, tenez-vous bien… 1180 prisonniers !
1180, l'équivalent d'un gros bataillon !

Le premier soldat de France

C'est la reconnaissance internationale pour Albert. Il est invité à toutes les cérémonies et partage même la table du roi d'Angleterre, en 1925.


George V, grand fan

 
Il devient ensuite pompier, et mène une vie paisible qui sera malheureusement écourtée par un accident : en avril 1939, à 44 ans et alors qu'il descendait d'un bus, il est mortellement percuté par une voiture conduite par la fille du président de la République.

(Notez qu'Hitler a préféré attendre son décès pour nous déclarer la guerre… coïncidence ?)

De nos jours, Albert Roche est quasiment oublié, mais une cérémonie d'hommage continue de lui être rendue, chaque année à Réauville, sur la place où trône son buste, en présence du 27e bataillon de chasseurs alpins :


Alors la prochaine fois que les médias vous parleront de ceux qui se sont battus pour la France… pensez à vos ancêtres… et pensez à monsieur Roche !

Baron Grenouille

 


Pour aller plus loin : on pourra consulter cet article sur la petite-fille et l'arrière-petit-fils du héros ainsi que sa biographie Wikipédia. Sans oublier évidemment l'indispensable vidéo qui a servit de canvas à cette page.


 

Coïncidence, deux semaines après la publication de cet article, les métaleux de Sabaton sortent un nouveau clip, The First Solider, entièrement consacré à notre illustre poilu :


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1 commentaire

Merci pour ce magnifique article .
Respect pour nos Anciens et les Chasseurs Alpins .
Ce beau billet est en ligne sur le Forum des Parachutistes Patriotes .
Merci de nous rejoindre et de nous aider dans le Combat pour notre Belle France .
https://paras.forumsactifs.net/t35290-albert-roche-le-soldat-le-plus-determine-de-tous-les-temps#215178
Bien Paramicalement .
Commandoair40 .

Commandoair40

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